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Message par morad Dim 1 Sep - 20:51

Deux jours d’hiver, deux ans d’été et l’éternité pour Lekhrif. Voilà le vœu de Si M’hammed. Le printemps, la verdure, le chant des oiseaux et le murmure des sources, le ciel
bleu d’avril et la nature en fête, peu lui chante tout cela. Si M’hammed n’est pas un rêveur,
mais un malin. Nous le savons de reste.
L’hiver, il souffre cruellement et beaucoup avec lui. Il y a la faim et le froid. Il pleut, il
neige, il vente. Les orgues du Djurdjura aspirent l’air glacé de la mer et rendent un son
lugubre. Dans les bois, il n’y a rien pour le chacal; rien également dans les ikoufan du pauvre.
C’est la raison qui fait détester l’hiver au chacal et au pauvre.
Pourquoi voudrait-on qu’un chacal attachât de l’importance aux fleurs et au ciel bleu? Il
a tort peut-être, mais les faits sont là. Il ignore le printemps et tant qu’il aura faim, il
continuera de l’ignorer. Pourtant on ne sait jamais. C’est sans doute pendant Lekhrif qu’il
trouve son printemps lui. Les grappes dorées et les figues juteuses sont ses fleurs éclatantes,
ses bouquets parfumés qu’il ne se contente pas de humer. Les matinées fraîches où gazouillent
les fauvettes et les rouges-queues, les bosquets inextricables d’ormes, de frênes, de merisiers
et les enchevêtrements de treilles qui grimpent jusqu’aux faites, sautent d’un arbre à l’autre,
laissant pendre leurs grappes au-dessus d’une mare tranquille, cela, c’est le printemps du
chacal, le vrai printemps de Kabylie. Quant à l’autre, celui des artistes et des citadins, il est
vain et stérile malgré tout son pollen. Nous nous ennuyons à ce moment là. Dans les ikoufan,
c’est la soudure. Alors qu’on en racle, les épis se forment à peine. Comment souder avec si
peu? On serre la ceinture et on attend que les fruits mûrissent. Puis quand le ventre pourra
s’emplir, la tête se mettra à chanter.
L’été n’est pas si mal. On moissonne les épis et on en mange. Il y a des fèves et des
petits pois, puis les cerises, les prunes, les poires. «L’été, dit un poète, est la saison bénie».
C’est tout à fait notre avis. Que la chaleur soit accablante, que le soleil fendille la terre, voilà
qui est fatal, mais l’important est que ce soleil achève de mûrir l’épi et le dessèche aussi.
L’important est que l’été soit synonyme de dépiquage et de récoltes. Et de nouveau les
greniers s’emplissent, nos ikoufan et les labyrinthes des fourmis noires. Pour nous, l’été
couronne généreusement l’année. Le fellah n’a pas de soucis. A midi, il somnole béatement
sur les dalles froides de la djemâa. A la fraîcheur du matin ou du soir, il achève de régler
rapidement ses comptes avec ses arbres et ses cultures. Il sait que l’année laborieuse est finie,
que la suivante ne débutera qu’avec les premières pluies d’octobre, mais qu’elle lui réclamera
tout de suite des comptes à son tour.
— Viens défricher, lui dira-t-elle. Dépêche-toi, le temps presse, vite, la charrue! Sème et
laboure, laboure et sème! Prépare ton bois, tes provisions, ton linge! Prépare tout, débrouille-toi!
L’année est toujours pressées et indifférente, car un beau matin, qu’il soit prêt ou non,
elle lui jette froidement ses mauvais jours.
— Tiens, attrape Si M’hammed.
Et M’hammed baisse l’échine.
Oh! oui, l’été mérite sûrement les deux ans. Nous aimons bien l’été et par
reconnaissance, nous lui octroyons ses deux ans. Mais notre impatience ne peut aller plus loin.
Nous le remercions du fond du cœur. Qu’il s’efface poliment. Et que vienne Lekhrif éternel.
Dès que les premières figues sont mûres, la bonne nouvelle se répand dans le village.
— Ah! ça y est? Mouh-ou-el-Hadj est sérieux. Une vraie figue?
— Oui. Je l’ai vue. Elle avait la feuille en dessous.
— Les figues-fleurs aussi ont la feuille en dessous.
— Jamais de la vie.
— Alors c’est peut-être son grand figuier du clos «Joyeux», à côté du grenadier?
— Juste.
Le lendemain, d’autres en trouvent. Puis les jours suivants…
Lekhrif passe. Dans la bouche, nous gardons quelque temps le doux parfum de la
dernière figue et aussi, comme un regret, les picotements de la dernière sève d’octobre. Les
arbres allégés se redressent sans enthousiasme, prennent une mine ravagée et frileuse. Les
champs retrouvent le silence, les chemins perdent leur animation. Si M’hammed erre, désolé,
au fond des ravines pour y découvrir quelque pauvre figue lavée de son suc et égarée sous les
larges feuilles jaunes. Mais déjà il baisse l’échine. Lekhrif est fini. Il sait ce qui l’attend.
Mouloud FERAOUN,
Jours de Kabylie, Baconnier.


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morad
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